V] Organisation défensiveLe système Séré de Rivières s’appuie sur le concept de places fortes et de rideaux défensifs. Les places fortes, véritables camps retranchés permettent de fournir des points importants de résistance autour des principales villes. Elles ont également le rôle de points d’appui pour mener d’éventuelles contre-attaques. Entre ces places, on retrouve parfois un rideau défensif (ligne de plusieurs forts distants chacun de quelques kilomètres) permettant de défendre le passage entre deux places. Ces rideaux ne sont pas continus. En effet, on ménage volontairement des trouées pour "canaliser" les percées ennemies. Ces trouées débouchent toutes sur des places fortes de seconde ligne destinées à fixer l’avancée ennemie pendant que les troupes manœuvrent sur les flancs de ces armées pour pouvoir les prendre à revers.
IX] La modernisation des fortsAprès la crise de l’obus torpille, certains forts, ceux qui sont jugés les plus importants, sont modernisés. La problématique est simple : protéger au maximum les hommes et les armes. Comme la majorité des forts sont déjà construits, on prit le parti de seulement les modifier sans pour autant les raser complètement.
Ainsi les casernes maçonnées reçoivent une carapace de béton supplémentaire pour les mettre à l’abri des nouveaux moyens de destruction. Dans certain cas, on reconstruit de nouvelles casernes entièrement en béton tout en conservant les anciennes en maçonnerie.
Les magasins à poudre ont montré leur fragilité et leurs points faibles durant les essais effectués, entre autres, au fort de la Malmaison. On décide donc de supprimer ces magasins en répartissant au mieux le stock de poudre dans tout le fort et surtout en créant de nouveaux magasins profondément enfouis pour les mettre à l’abri des obus les plus destructeurs. On creuse ainsi de nouveaux magasins à poudre appelés magasins sous roc ou magasins caverne.
Les caponnières jugées trop fragiles sont également supprimées au profit de coffres de contre-escarpe. Moins saillants que les caponnières, ces coffres sont « encastrés » dans le mur de contre-escarpe et le plus souvent reliés au fort via une gaine souterraine passant sous le fossé.
Dans certains forts, on crée même de nouvelles entrées mieux protégées des tirs et situées au fond des fossés du fort (appelées aussi entrées de guerre).
Pour l’armement, on voit l’apparition massive des cuirassements et des casemates de Bourges. En effet les pièces d’artillerie quittent les remparts et les cavaliers des forts pour se protéger sous l’épais blindage des cuirassements. Bien que perdant en nombre de pièces, les forts conservent toute leur puissance de feu : une pièce sous tourelle équivaut à elle seule à une batterie entière, c’est-à-dire 4 pièces à l’air libre. L’infanterie de ces forts est également renforcée par des tourelles à éclipse pour mitrailleuses et par des projecteurs blindés sous tourelles. Les observatoires des forts prennent place dans des cloches blindées.
On peut également noter l’apparition, dans tous les forts de grande importance qui sont modernisés, d’une centrale de production d’électricité.
Les forts d’après 1885 [modifier]
Ces forts construits tout en béton doivent prendre en compte également les réductions du budget alloué aux fortifications. On réduit au minimum les maçonneries (plus de mur d’escarpe en maçonnerie mais simplement en terre croulante barrée par une grille en fond de fossé). Ces forts sont également nettement moins étendus que leurs prédécesseurs.
Après le décret du 21 janvier 1887 pris par le général Boulanger, alors ministre de la guerre, les bâtiments militaires sont rebaptisés du nom d'une gloire, si possible militaire et locale. Ainsi, les forts prennent de nouveaux noms. Localement, ces "nouveaux" noms ne s'imposeront pas vraiment parmi la population.
On peut citer, par exemple, la trouée de Charmes située dans les Vosges. Cette trouée ménagée entre les places de Toul et d’Epinal doit contraindre l’ennemi à déboucher sur la place puissamment défendue de Langres. En plus de ces dispositifs, une série d’obstacles, en réalité de puissant forts isolés, sont disséminés sur la route de l’envahisseur afin de ralentir sa progression permettant d’obtenir des délais suffisants à la mise en place des armées chargées de le combattre.
VI] Anatomie d’une place Une place forte est constituée d’une couronne de forts entourant, à une dizaine de kilomètres du centre, toute la ville. Ces forts ont la capacité de se défendre mutuellement. Chaque fort peut ainsi tirer vers son voisin pour l’aider à se dégager d’une avancée de l’infanterie. En plus des principaux forts, il existe toute une série d’installations destinées à servir aux troupes d’intervalles.
On retrouve ainsi des réduits défensifs (ou ouvrage d’infanterie) destinés à recevoir de l’infanterie, des abris de combats permettant aux troupes d’intervalles de s’abriter pendant les bombardements et servant également de casernement, des batteries intermédiaires destinées à recevoir de l’artillerie supplémentaire (prévues dès l’origine) ou en remplacement de l’artillerie des forts.
En arrière de la ligne de forts, on retrouve toute une série de bâtiments destinés au soutien logistique. Ainsi au centre des places on trouve les magasins centraux de vivres, de matériels et de munitions. Ces magasins permettent de ravitailler les forts et la ligne de front. Ce ravitaillement s’effectue au moyen d’un vaste réseau de chemin de fer militaire à voie de 60 cm (le système Péchot adopté par l’artillerie en 1888 est d’ailleurs développé sur la place de Toul) propre à chaque place. Le long de ces « lignes de chemins de fer », on retrouve des dépôts intermédiaires de munitions destinés aux troupes d’intervalles.
La voie ferrée près du fort de Villey-le-Sec VII] Les forts Séré de RivièresOn peut décrire trois types de fort différents : les forts d’arrêt, les forts de rideau et les forts de place. En plus de cela, on peut différencier les forts ayant été modernisés et ceux restés dans leur état d’origine.
Le fort d’arrêt est par définition isolé du reste du système. Il doit donc être capable de fonctionner en autonomie totale et être capable d’assurer sa défense. Souvent de grande dimension, ce fort peut tirer dans toutes les directions.
Les forts de rideau et les forts de place peuvent, quant à eux, compter sur l’aide de leurs voisins et ne doivent se défendre en général que sur un seul front. C’est pourquoi leur artillerie était concentrée sur les directions occupées par leurs voisins et sur la zone qu'ils étaient censé contrôler.
Entrée de la batterie de Sanchey proche d’Épinal VIII] Les forts de première générationCes forts, non modernisés, sont réalisés presque totalement en maçonnerie, utilisant dans de grandes proportions la pierre de taille. Ces forts sont entourés d’un fossé, d’une profondeur 6 m pour 12 m de large, suivant les instructions qui sont peu respectées, délimité par un mur d’escarpe (retenant le massif du fort) et, vers l’extérieur du fort, par un mur de contre-escarpe. Dans les forts Séré de Rivières construits, il est très rare de trouver des fossés en eaux. Certains murs d’escarpe sont munis de créneaux permettant la défense du fossé. Cette défense est à la charge d’organes de flanquement appelés caponnières et construits aux saillants des forts (angles des forts) au niveau du fond du fossé. Ces caponnières étaient soit simples (une seul direction de tir), soit doubles (défendant deux portions du fossé).
L’entrée dans le fort se fait généralement par un pont escamotable : pont-levis ou pont à effacement. À ce sujet on peut noter que les ingénieurs de l’époque ont fait preuve d’une réelle imagination pour mettre au point autant de systèmes différents.
À l’intérieur du périmètre du fort, on retrouve une ou plusieurs casernes (parfois à plusieurs étages) dont les façades débouchent sur des cours intérieures. Dans ces casernes, semi-enterrées (seule la façade apparait), destinées au logement de la troupe, on retrouve une cuisine, des citernes pour l’eau potable (alimentées par la récupération des eaux de pluie, des captages de sources ou par des puits) et parfois des fours à pains.
Autre lieu important d’un fort, le magasin à poudre centralise le stockage des différents explosifs et artifices du fort. Cette pièce fermée par deux portes à trois serrures différentes était construite de façon à isoler du mieux possible la poudre de l’humidité et des flammes. Recouvert d’une forte épaisseur de terre, ce magasin était éclairé par un système de lampes à pétrole isolées de la poudre par des vitres blindées de forte épaisseur et accessibles uniquement de l’extérieur du magasin à poudre.
L’artillerie des forts est disposée le plus souvent à l’air libre sur des plateformes de tir encadrées par des traverses-abri. Ces traverses-abri sont des petits locaux destinés au stockage du matériel nécessaire aux pièces et pour les obus prêts à l’emploi. Les plateformes de tir peuvent se retrouver soit sur la caserne (fort à cavalier), dans ce cas, certaines traverses sont enracinées et communiquent directement avec la caserne, soit le long d’un chemin parcourant tout le périmètre du fort (appelé rue du rempart).
Dans certain cas, l’artillerie peut être sous casemates maçonnées ou blindées (casemates Mougin) voire, pour certains forts, sous tourelles (tourelle Mougin).
L’infanterie est, quant à elle, composée uniquement de la troupe du fort, et peut prendre place dans des positions d’infanterie spécialement aménagées en surplomb du fossé.
L'entrée de la Batterie de Bouviers à Guyancourt dans les Yvelines IX] La modernisation des forts Après la crise de l’obus torpille, certains forts, ceux qui sont jugés les plus importants, sont modernisés. La problématique est simple : protéger au maximum les hommes et les armes. Comme la majorité des forts sont déjà construits, on prit le parti de seulement les modifier sans pour autant les raser complètement.
Ainsi les casernes maçonnées reçoivent une carapace de béton supplémentaire pour les mettre à l’abri des nouveaux moyens de destruction. Dans certain cas, on reconstruit de nouvelles casernes entièrement en béton tout en conservant les anciennes en maçonnerie.
Les magasins à poudre ont montré leur fragilité et leurs points faibles durant les essais effectués, entre autres, au fort de la Malmaison. On décide donc de supprimer ces magasins en répartissant au mieux le stock de poudre dans tout le fort et surtout en créant de nouveaux magasins profondément enfouis pour les mettre à l’abri des obus les plus destructeurs. On creuse ainsi de nouveaux magasins à poudre appelés magasins sous roc ou magasins caverne.
Les caponnières jugées trop fragiles sont également supprimées au profit de coffres de contre-escarpe. Moins saillants que les caponnières, ces coffres sont « encastrés » dans le mur de contre-escarpe et le plus souvent reliés au fort via une gaine souterraine passant sous le fossé.
Dans certains forts, on crée même de nouvelles entrées mieux protégées des tirs et situées au fond des fossés du fort (appelées aussi entrées de guerre).
Pour l’armement, on voit l’apparition massive des cuirassements et des casemates de Bourges. En effet les pièces d’artillerie quittent les remparts et les cavaliers des forts pour se protéger sous l’épais blindage des cuirassements. Bien que perdant en nombre de pièces, les forts conservent toute leur puissance de feu : une pièce sous tourelle équivaut à elle seule à une batterie entière, c’est-à-dire 4 pièces à l’air libre. L’infanterie de ces forts est également renforcée par des tourelles à éclipse pour mitrailleuses et par des projecteurs blindés sous tourelles. Les observatoires des forts prennent place dans des cloches blindées.
On peut également noter l’apparition, dans tous les forts de grande importance qui sont modernisés, d’une centrale de production d’électricité.
X] Les forts d’après 1885 Ces forts construits tout en béton doivent prendre en compte également les réductions du budget alloué aux fortifications. On réduit au minimum les maçonneries (plus de mur d’escarpe en maçonnerie mais simplement en terre croulante barrée par une grille en fond de fossé). Ces forts sont également nettement moins étendus que leurs prédécesseurs.
Après le décret du 21 janvier 1887 pris par le général Boulanger, alors ministre de la guerre, les bâtiments militaires sont rebaptisés du nom d'une gloire, si possible militaire et locale. Ainsi, les forts prennent de nouveaux noms. Localement, ces "nouveaux" noms ne s'imposeront pas vraiment parmi la population.
Géographie :